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Je reprend ici un billet que j’ai écrit la semaine dernière pour débat2007.fr:

Le référendum sur la constitution a creusé ce que la présidentielle
de 2002 avait commencé à rendre patent : la cassure entre certains
courants forts de l’opinion et les principales tendances véhiculées par
les médias. Alors même qu’il a dénoncé fin août une collusion entre
certains médias et le duo favori des sondages, François Bayrou semble
connaître une ascension rapide au sein d’internet (voir un récent article du Monde et les tendances Technorati). Comment expliquer cette ascension ? Et surtout, sur quoi peut-elle déboucher ?

La percée de François Bayrou sur la Toile

L’UDF a réservé pendant ses universités d’Eté un traitement
particulier aux bloggers, en leur ouvrant l’accès à sa salle de presse.
Parti à taille humaine, l’UDF a des atouts certains pour séduire des
bloggers souvent rétifs aux grandes machines électorales mises en place
par les deux partis leaders.
La dénonciation des médias par François Bayrou ne peut que trouver une
oreille attentive chez les bloggers et médias participatifs comme Agoravox
puisque ces derniers sont de fait des alternatives aux médias – et vont
parfois jusqu’à revendiquer ouvertement ce positionnement.
Indépendamment de ses positions politiques, ceci a certainement
contribué à faire arriver François Bayrou en tête d’un sondage sur la
présidentielle organisé récemment par Agoravox. C’est cette première
position sur un média montant qui a fait prendre conscience que quelque
chose se passe actuellement autour de François Bayrou sur internet –
Carlo Revelli, fondateur d’Agoravox s’avouant lui-même surpris dans la mesure où il avait failli ne pas inclure Bayrou dans les choix de réponse proposés au sondage.

Comment désormais « surfer » sur ce début de vague ?

En venant à la soirée « La République des blogs »
réunissant le coeur des bloggers intéressés par la politique, François
Bayrou pose sans conteste les bons jalons. Cette présence témoigne
d’une considération que les bloggers ne peuvent qu’apprécier. Lorsque
le lendemain un article du Monde Interactif reprend le propos erroné d’une participante parlant du blog de Bayrou (alors qu’il ne s’agit que d’un blog sur
François Bayrou), il met le doigt sur le manque que François Bayrou
devrait combler : ouvrir son blog pour surfer avec ses nouveaux amis
sur l’océan du web au lieu de les regarder depuis la plage – océan
encore en grande partie épargné de l’influence néfaste des
« requins-médias » qu’il dénonce. Le moment est propice : les favoris
sont encore dans une position qui les empêche de se jeter ainsi à l’eau
– soit parce qu’ils sont au pouvoir, soit parce qu’ils ne sont pas
officiellement investis. A la différence de ses futurs concurrents,
François Bayrou dispose d’une liberté propice au blogging.

Comme l’a écrit Joe Trippi, conseiller d’Howard Dean en 2004, The
Revolution Will Not Be Televised. Dans sa logique de dénonciation des
médias, Bayrou se doit donc d’investir totalement ce terrain
partiellement épargné par les problèmes qu’il dénonce. L’écueil
habituel d’Internet est qu’on ne peut miser sur lui exclusivement car
les rencontres, les meetings, l’ancrage sur le terrain restent
totalement irremplaçables – Howard Dean en avait fait l’amère
l’expérience. Mais l’UDF dispose d’un ancrage suffisant sur le terrain
pour espérer avancer sans boîter sur deux jambes, l’une virtuelle
l’autre réelle.